Après la visite de Borobodur, nous quittons la plaine de Yogyakarta pour une longue montée en bus le long des flancs ouest du Gunung Merapi jusqu'au poste d'observation volcanologique de BABADAN, le site de surveillance le plus haut perché sur la montagne. Le temps nous a manqué pour la courte marche prévue sur les coulées de 1998.
Le matériel d' observation a été installé avec l'aide de pays comme la France qui y envoie du personnel d'étude et forme en Europe des scientifiques indonésiens.
Ici, le poste est tenu par des villageois qui se relaient pour en assurer la surveillance.
4 niveaux d'alerte pour la population :
I : Normal, rien à signaler
II : Attention : Waspada
III : Prêt : Siaga/Siap ; éruption probable
IV : Alerte : Awas ; évacuation nécessaire
Redescente dans la vallée pour rejoindre les flancs nord jusqu'au village de SELO que nous atteignons à la nuit tombée.
Pendant que nous dînons dans un warung, Alain recrute les guides qui accompagneront l'ascension du lendemain.
Hébergement en losmen
Le Gunung Merapi -montagne de feu- est le plus dangereux, le plus imprévisible et le plus surveillé des volcans indonésiens.
En activité permanente, son cratère est envahi par un dôme de lave visqueuse de 70 000 000 m3 qui n'arrive pas à s'écouler sur les flancs du volcan et augmente ainsi la pression dans la chambre magmatique, ce qui provoque à intervalles réguliers des nuées ardentes et coulées pyroclastiques ; l'explosion toujours possible du dôme sommital demeure une épée de Damoclès aux conséquences cataclysmiques.
68 phénomènes majeurs et meurtriers ont éte décomptés depuis 1578.
La voie d'accès a été ouverte dans les années 60 par Haroun Tazieff, accompagné d'un guide du village de Selo, Trisno Yudi.
L'ascension est qualifiée d'exigeante, donc ne s'y aventure pas qui veut. Recourir aux services de guides permet d'assurer la sécurité et d' apporter un revenu complémentaire aux accompagnateurs.
Le groupe, parti dans la nuit, n'a pu parvenir au sommet ; glacé, frigorifié, encerclé par le brouillard, manquant de repères pour avancer, a sagement fait demi-tour.
Très joli village de Selo aux maisons traditionnelles, entouré de champs de légumes et de tabac.
Un marché (pasar) très animé s'y tenait ce jour-là.
Au-dessus de l'observatoire volcanologique, un magnifique point de vue sur le village.
Nous garderons en tête cette surprenante histoire racontée par Alain de Toffoli : sa rencontre et son dialogue avec un être étrange et évanescent, croisé sur cette montagne magique. Les Indonésiens n'en n'ont pas été surpris, ils le connaissent et le respectent. Qui est-il ? Alain, lui, en restait marqué. Voici l'un de ses poèmes que je me permets de reprendre en pensant à cet amoureux des volcans et à cette montagne, réunis pour l'éternité.
Vieil homme ... Ode au volcan Merapi
Ta longue chevelure grise
S'effiloche sous un ciel d'azur
Ta tête dans les nuages
Côtoie des milliers d'étoiles
Tes bras immenses étreignent
Le vent, la pluie et la brume
Ton coeur de braise
Illumine la nuit
Ta bouche éructe
Des bombes comme des mots
Que la terre de souffrance
Recrachera en criant.
Ton corps nourrit les hommes
Ton âme nourrit les rêves
Merapi qui es-tu ?
Ami ou ennemi ?
Au fond de tes yeux
Naît la vie
Ta chair porte les stigmates de la douleur
Longues cicatrices sanguinolentes
Qui dévorent tes flancs
De braise et d'oubli
La mémoire des hommes se souvient
De tes colères de cendres
Tu as vécu
En poussières tu finiras
Merapi qui es-tu ...
Alain DE TOFFOLI
Selamat datang, Alan